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La précarité numérique : source supplémentaire d’exclusion

Chercher un logement, renouveler ses papiers d’identité, trouver un travail… Alors que la dématérialisation touche tous les services du quotidien, le numérique devient une nécessité. Pourtant, de trop nombreuses personnes en sont encore exclues. 

 

Un Français sur quatre est en difficulté numérique et 13 millions de Français n’ont pas accès à Internet. Un constat alarmant, dressé dans le dernier rapport du Défenseur des droits, et qui, dans notre société du tout-numérique, met en lumière une source d’exclusion supplémentaire, notamment pour les plus âgés et les plus précaires. 

 

Une précarisation accrue

Dans son antenne Emmaüs Connect de Paris Nord - Riquet (19e), Michel Kinavuidi, 30 ans, responsable d’accueil, est confronté tous les jours à cette réalité. « Trouver du travail, effectuer des démarches administratives, comme le renouvellement des papiers d’identité, ou faire valoir ses droits sociaux… ces personnes, parce qu’elles sont privées de services en ligne essentiels, sont encore davantage précarisées. »
Jeunes en insertion, seniors précaires, migrants, personnes sans domicile, sans diplôme ou sans formation… pour leur permettre d’atteindre l’autonomie numérique, Emmaüs Connect a accompagné, depuis 2013, plus de 105 000 personnes grâce à ses 12 points d’accueil en France. 

 

3 axes de soutien

L’association travaille sur trois axes principaux. D’abord, la connaissance du numérique, à travers des « permanences connectées » : « Ces rendez-vous personnalisés permettent d’acquérir les compétences nécessaires à la bonne utilisation des outils. Nous répondons également à des difficultés précises, comme l’utilisation des applications ou la réalisation de démarches en ligne », précise le responsable d’accueil d'Emmaüs Connect. 
Ensuite, l’accès à internet, avec des tarifs solidaires : « Grâce à notre opérateur téléphonique partenaire, nous proposons des tarifs entre deux et cinq euros pour une ligne de téléphone permettant les appels ou une connexion à internet ».
Au niveau national, Emmaüs Connect a ainsi fourni 123 782 recharges mobile/internet en 2021. 
Dernier axe, l’équipement : « En fonction de notre stock, nous proposons des smartphones à 70 euros et des ordinateurs à 150 euros », se félicite Michel Kinavuidi.

Et contrairement aux idées reçues, la précarité numérique ne touche pas majoritairement les seniors. Selon les chiffres du rapport d’activité 2021 d'Emmaüs Connect, les 65 et + représentent seulement 12% du public accompagné. Les 50-64 ans, 29%, les 25-49 ans, 51% et plus étonnant, les 16-24 ans, 8 %
« Les jeunes sont à l’aise pour faire des stories ou jouer en ligne, mais beaucoup moins pour les démarches administratives ou la recherche d’emploi » abonde Michel Kinavuidi. Une problématique qui le touche particulièrement. À 25 ans, il était lui-même en situation d’exclusion numérique, avant d’être accompagné par une association. « J’ai mis sept ans pour renouveler ma carte vitale. L’association m’a aidé à renouveler mes papiers, mais a également changé mon rapport phobique à l’administratif. Le numérique augmentait mon anxiété ! Heureusement, j’ai rencontré des personnes bienveillantes et compétentes. » 
Une belle expérience, qui l’a poussé à se lancer lui-même en tant que bénévole. 
 

Les jeunes touchés eux aussi par la précarité numérique 

Un jeune Français sur six (15-29 ans) ne s'estime pas compétent sur les logiciels de bureautique comme le traitement de texte. Un jeune sur cinq pour l'administration numérique.
Ces chiffres mis en lumière par l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), révèlent une tendance de fond, accentuée par la crise sanitaire. Très équipés en smartphones (moins d’un jeune sur cent n’en possède pas) et à l’aise sur les réseaux sociaux, de nombreux jeunes manquent pourtant de compétences numériques indispensables. Une fracture qui intensifie les inégalités d’accès à l’emploi et précarise une partie de la jeunesse.     

 

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