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Comment annoncer son cancer à ses proches ?

Apprendre que l’on est atteint d’un cancer génère bien souvent angoisse et stress pour le malade. Un ressenti que l’on peut avoir envie d’épargner à ses proches. Et pourtant, il est essentiel d’en parler à son entourage. Quelques pistes pour y arriver.


« Tremblement de terre », « tsunami », « choc »… les superlatifs ne manquent pas pour décrire le ressenti du patient quand le médecin lui annonce son cancer. « C’est une véritable épreuve pour le malade qui peut craindre d’angoisser à son tour ses proches en leur annonçant la nouvelle, explique le Dr Ophélie Soulie, psychiatre au sein du département de psycho-oncologie de l’Institut Curie. On peut croire que l’on préserve sa famille en se taisant mais c’est l’inverse qui se produit : le silence crée l’angoisse. » Mais comment réussir à en parler ? Pour la spécialiste, il n’existe pas de recette miracle, chacun peut trouver sa propre façon de parler à ses proches. Et si l’on se sent perdu, si l’on n’ose pas prendre les devants, une consultation d’onco-psychologie peut aider. « Nous pouvons amener les patients à réfléchir sur leurs propres craintes, raconte le Dr Soulie. Il s’agit de les aider à accepter leur propre situation et les émotions qui les traversent pour qu’ils puissent être capables de les canaliser et d’en parler à leur entourage. »

 

Réunir les meilleures conditions possibles

Si chaque malade choisit les personnes qu’il souhaite informer directement, il peut aussi déléguer certaines annonces. Un parent, un conjoint pourra se charger de transmettre l’information aux personnes avec qui le malade se sent moins proche. Concernant les mots à employer, la simplicité est souvent efficace. Nommer la maladie peut contribuer à dissiper tout malentendu, notamment auprès d’un enfant. « On adapte bien sûr le discours à l’âge de l’enfant mais il ne faut pas avoir peur d’utiliser le mot “cancer“ que les jeunes connaissent souvent assez tôt et qui va soulever des questions », précise le Dr Soulie. Concernant le lieu et le moment, il est important d’essayer de réunir les meilleures conditions pour que chacun ait le temps et l’espace nécessaire pour vivre la nouvelle le plus sereinement possible. 

 

Et pourquoi pas l’humour ?

À 29 ans, quand Lili Sohn apprend qu’elle a un cancer du sein, elle annonce sa situation oralement à ses proches mais crée très vite un moyen de communication qui lui ressemble : le blog illustré. Pleine d’humour, la jeune dessinatrice donne un nom à sa tumeur – Günther – et raconte au fil du temps ses rendez-vous médicaux, ses découvertes sur la maladie et son combat pour lutter contre « Günther ». « Avant qu’il prenne de l’ampleur et devienne une bande-dessinée*, ce journal de bord était vraiment destiné à mes proches et je crois que ça les a aidé à comprendre ma maladie et ce que je vivais, raconte Lili Sohn. Utiliser l’humour – une partie importante de ma personnalité –, et rire de mon cancer, c’était pour moi une question de survie ». 

« Cette manière de communiquer peut être un moyen de se distancier de quelque chose qui angoisse, une façon pour chacun de tenter, avec sa singularité et sa sensibilité, de ne pas être réduit au seul statut de malade », analyse le Dr Soulie. L’humour permet bien souvent de passer des messages importants…


*La guerre des tétons, éditions Michel Lafon, 2015

 

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