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Malgré le digital, le braille n’a pas dit son dernier mot

En 1827, le braille était une révolution pour les malvoyants. Deux siècles plus tard, il est souvent supplanté par des technologies digitales. Il n’en reste pas moins un formidable outil d’autonomie dans la vie quotidienne.

 

Factures, notices, indications dans les transports, les musées… aujourd’hui le braille est partout, c’est un puissant outil de communication et d’intégration. « C’est facile pour un voyant d’apprendre le braille pour communiquer avec les aveugles, explique Patrick Frémaux, formateur bénévole à l’association Valentin Haüy. J’ai appris à l’âge de la retraite, en un mois et avec un peu d’entraînement. C’est juste un code à mémoriser. L’apprentissage est plus compliqué pour les personnes déficientes visuelles quand il doit se faire avec les doigts. Les personnes atteintes de Dmla (dégénérescence maculaire liée à l’âge) ont intérêt à l’apprendre vite, tant que leur mémoire visuelle fonctionne et que la perception avec la pulpe des doigts est bonne. » 

 

Quel braille ?

Ce système d’écriture et de lecture en points saillants, inventé en France par Louis Braille, permet aux déficients visuels de lire avec les doigts. Cet alphabet de 63 signes repose sur six points et deux colonnes. Les lettres, accents, signes mathématiques et scientifiques, la musique se transcrivent en braille. On parle de braille intégral, de braille abrégé, de braille informatique à huit points, de braille digital… Car aujourd’hui, si les technologies de synthèse vocale permettent une lecture plus rapide, les outils se complètent. Un mail écrit à l'aide d’une plage braille ou d’un terminal braille est reçu en écriture ordinaire. « Le braille est plus que jamais d’actualité, utilisé avec des ordinateurs, des blocs notes, des smartphones…» se réjouit Laurence de Roquefeuil, qui a appris le braille enfant, avant de perdre progressivement la vue jusqu’à 25 ans.


Une ouverture au monde

Vice-présidente de l’association Valentin Haüy, elle milite pour l’enseignement du braille. « L’école inclusive a trop tendance à penser que la synthèse vocale suffit… Mais l’écoute et la lecture font travailler deux zones différentes du cerveau. Il faut enseigner les techniques qui rendent autonomes. Réviser le bac m’a réconciliée avec le braille, beaucoup moins fatigant. Puis il m’a permis de faire des études de maths pour devenir statisticienne. » Au cours de sa vie professionnelle, elle a vu les technologies progresser à grands pas pour les malvoyants. « Avec le premier terminal braille, j’ai enfin pu travailler avec mes collègues, ils m’ont vue autrement ! »


Autonomie et communication

Accessible à tout âge et à la portée de tous, le braille n’est pourtant pratiqué que par 6 à 10 000 personnes en France, sur 207 000 aveugles et malvoyants profonds*. « Il faut dédramatiser le braille, ce code de communication qui apporte tellement d’autonomie et l’accès à la culture, insiste Laurence. Apprendre le braille, c’est éviter une forme d’illettrisme, mais il faut être prêt à franchir le pas, accepter son handicap ». Patrick le constate avec ses élèves « Venir en cours, c’est bon pour le moral, pour sortir de l’isolement et recréer du lien social ». Hélas le manque de formateurs est un réel problème.


*Enquête Santé « Handicaps-Incapacités-Dépendance », DRESS 2015
 

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