Retour Articles Vies de famille

L’agoraphobie, ce handicap invisible

Quand on est incapable de prendre le métro, de monter dans un ascenseur ou de se rendre dans un centre commercial, il est possible que l’on soit sujet à l’agoraphobie. Un handicap souvent invisible qui complique le quotidien de ceux qui en souffrent. 

 

« Il était inenvisageable pour moi de prendre le bus, cela m’angoissait par avance », raconte Maud, 44 ans, agoraphobe en phase de guérison. Si ce témoignage peut faire sourire, il exprime la réalité des personnes qui, souffrant d’agoraphobie, sont paralysées par certaines actions qui paraissent banales. « L’agoraphobie traduit la peur des lieux publics et des espaces ouverts comme les transports en communs, les centres commerciaux mais aussi les bureaux en open space », explique Françoise Duplex, psychiatre affiliée à l’Afpep-Snpp*. Certains ne supportent pas ces lieux au point de déclencher des crises d’angoisse et de ne plus pouvoir sortir de chez eux. « La phobie – comme la peur du noir, des araignées… – est tout à fait normale et permet de mieux supporter l’existence, ajoute le Dr Duplex. Elle est problématique quand elle devient invalidante. »

 

Aux origines de l’agoraphobie

Un fond dépressif, une souffrance au travail, un manque affectif, une situation de harcèlement ou encore de grandes difficultés économiques peuvent expliquer l’agoraphobie qui doit être détectée pour être traitée. Après des années d’errance thérapeutique pendant lesquelles les médecins associaient son trouble à une simple timidité, Maud a rencontré un psychiatre qui a enfin pu mettre un nom sur son trouble. « Il m’a expliqué que je souffrais d’agoraphobie associée à une phobie sociale, raconte-t-elle. J’ai découvert que je n’étais pas seule à avoir ce fonctionnement et qu’il existait des solutions pour aller mieux alors que je m’imaginais incurable. »

 

Des solutions thérapeutiques variées

Il est important de parler de sa souffrance à son médecin généraliste. Des médicaments comme les anxiolytiques ou les antidépresseurs peuvent calmer l’angoisse mais le dialogue avec un psychiatre, un psychologue ou un psychothérapeute peut donner de bons résultats. « L’essentiel est de trouver l’approche qui convient et le patient a tout à fait le droit d’en tester plusieurs », explique le Dr Duplex. Ce qui a aidé Maud ? Une thérapie comportementale et cognitive (Tcc). Cette méthode consiste en une série d’exercices pour, à termes, modifier un comportement. « Le psychiatre m’a littéralement appris à descendre dans la rue, puis à rester à l’arrêt de bus, et enfin à monter dans le bus, raconte Maud. Très progressivement, j’ai pu renouer avec une forme d’indépendance et même reprendre des études. »

 

L’importance de l’entourage

Pas simple pour l’entourage d’affronter l’incapacité d’un proche à sortir de chez lui… « La personne qui souffre d’agoraphobie est traversée par la honte et la culpabilité, précise le Dr Duplex. Il est important de se montrer compréhensif à son égard sans pour autant jouer les psychologues mais en l’encourageant plutôt à consulter. » Très entourée par sa famille, Maud a également trouvé du réconfort au sein de Mediagora, une association de patients dont elle est aujourd’hui secrétaire. Elle fait bénéficier d’autres phobiques de son expérience. Une belle revanche sur sa maladie.
*Association française des psychiatres d’exercice privé
 

 

Mots clés

Mots clés

Agoraphobie

Phobie sociale

Thérapie