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Mon enfant est transgenre, comment bien l’accompagner ?

Nés dans le mauvais corps… Signe d’une évolution des mentalités, de plus en plus d’enfants et d’adolescents se déclarent non-binaires, ou d’un autre genre que celui assigné à leur naissance. Mais au sein des familles, le dialogue reste parfois compliqué.

 

Entre 20 000 et 60 000 personnes se considéreraient transgenre en France* et 22% des Français entre 18 et 30 ans ne se sentiraient ni homme ni femme**. Ils se disent « neutres », « genderfluid », « a-genres », ou « non-binaires ». « Beaucoup, en particulier chez les jeunes générations, ne veulent pas s’enfermer dans un genre féminin ou masculin » analyse Anaïs Perrin-Prevelle, coprésidente de l'association OUTrans.

 

La dysphorie de genre est la souffrance inhérente à la transidentité

Une personne transgenre, ou « trans » est une personne qui vit ou souhaite vivre dans un genre différent de celui qui lui a été assigné à la naissance. « Le préfixe “trans” signifie étymologiquement “qui va au-delà de son état initial” souligne Anaïs Perrin-Prevelle. Et le genre n’a rien à voir avec la sexualité. »


Bien souvent pour les personnes trans, l’arrivée de la puberté avec le développement des caractères sexuels genrés est très mal vécue.
« La souffrance, inhérente à la transidentité, s’appelle la dysphorie de genre », explique Maryse Rizza, présidente de Grandir Trans, qui rassemble environ 1 300 familles concernées. En cette période charnière, de nombreuses personnes transgenre font donc leur coming out – l’annonce de leur identité de genre – en bousculant ainsi la façon dont ils sont perçus par leur entourage.


Dédramatiser l’annonce

« C’est souvent un choc pour la famille, convient Maryse Rizza, elle-même mère d’un jeune transgenre. Les parents se projettent sur un genre, bien avant la naissance, et ne s’attendent pas à ce que celui-ci change, explique-t-elle, mais il faut rappeler que la transidentité n’est pas un choix. Au moment où les jeunes vont l'exprimer, c'est une question de survie. » Un constat partagé par Elisa Bligny, également membre de l'association Grandir Trans et autrice de Mon ado change de genre***. « Lorsque l’enfant commence à exprimer sa transidentité, il y a beaucoup de peur et une énorme culpabilité par rapport aux parents. »


L'entourage doit donc essayer d’être à l’écoute et d’accompagner au mieux. Pour Anaïs Perrin-Prevelle, il est important de dédramatiser.
« J’ai tendance à conseiller aux personnes qui doivent faire leur coming out d’en parler de façon positive, de dire qu’elles vont enfin pouvoir être elles-mêmes. À l’entourage, il est important de dire que ce n’est pas grave d'être trans ! » « Il n’y a pas de deuil à faire, insiste Elisa Bligny, vous ne perdez pas votre fille ou votre fils, vous faites seulement le deuil de vos projections d’adultes sur votre enfant. »
De plus, transition ne veut pas forcément dire intervention médicale ou chirurgicale.
« La plupart des adolescents trans accompagnés s’arrêtent à une transition sociale (changement de genre et de prénom). Rares sont ceux qui entament une transition médicale (bloqueurs de puberté, hormones, ou chirurgies) », précise Maryse Rizza. A souligner que les changements médicaux ne sont bien entendu pas à prendre à la légère avec des impacts potentiellement lourds au-delà des changements sur l’appareil génital externe, nécessairement irréversible. « Aussi, face à une demande de soins pour ce motif, est-il essentiel d’assurer, dans un premier temps, un accompagnement médical et psychologique de ces enfants ou adolescents, mais aussi de leurs parents, d’autant qu’il n’existe aucun test permettant de distinguer une dysphorie de genre « structurelle » d’une dysphorie transitoire de l’adolescence. De plus, le risque de surestimation diagnostique est réel, comme en atteste le nombre croissant de jeunes adultes transgenres  souhaitant « détransitionner ». Il convient donc de prolonger autant que faire se peut la phase de prise en charge psychologique » comme le recommande l’Académie nationale de médecine dans un communiqué  « La médecine face à la transidentité de genre chez les enfants et les adolescents »****.

 

S’informer et ne pas rester seul

Pour les jeunes trans, population particulièrement touchée par les violences et par un risque de suicide bien plus élevé que la moyenne, le soutien des proches est crucial.
« Si les parents se sentent démunis, ils peuvent se tourner vers les associations LGBTQI+ », conseille la coprésidente d’OUTrans.
« Il n’y a pas assez de dispositifs en France pour accueillir convenablement les enfants et les parents concernés. La plupart des ressources en ligne sont mises à disposition par les associations. Les services publics ne se sont pas du tout emparés du sujet » alerte Maryse Rizza. Et il ne faut pas non plus hésiter à aller consulter. « Se rapprocher de son médecin traitant ou d’un pédopsychiatre en s’assurant qu’il soit formé et ouvert à la transidentité, recommande Elisa Bligny, l’essentiel est de ne pas rester seul, avec ses questions et ses peurs. »

Conscient du besoin d’apporter des réponses à ces situations avec un accompagnement médical organisé au bon niveau, le ministre de la Santé a lancé en 2022 une démarche visant à produire des recommandations en vue notamment « d’élaborer un nouveau protocole en lien avec les professionnels de santé et les associations communautaires dans le but d’améliorer l’organisation des soins afin d’assurer la qualité et la sécurité de la prise en charge de ce public ». Les conclusions de ces travaux menés par la Haute autorité de Santé sont attendues pour septembre 2023 comme indiqué dans la note de cadrage « Parcours de transition des personnes transgenres »***** publiée par la HAS.

 

*Source : https://www.vie-publique.fr/rapport/284386-transexualite-sante-et-parcours-de-soins-des-personnes-trans 

**Source : https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2020/11/117735-R%C3%A9sulats-Marianne.pdf 

*** Mon ado change de genre, Elisa Bligny, La Boite à Pandore, 2020.

****Source : https://www.academie-medecine.fr/la-medecine-face-a-la-transidentite-de-genre-chez-les-enfants-et-les-adolescents/ 

*****Source : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2022-09/reco454_cadrage_trans_mel.pdf

 

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