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Laurent Savard : l’humour contre les préjugés sur l’autisme

« Gabin est né le 13 juillet 2002. Depuis, c’est un feu d’artifice permanent », sourit Laurent Savard, père d’un enfant autiste et hyperactif. Aux larmes, il a préféré le rire... Quoi de plus logique pour un humoriste ?

Depuis une dizaine d’années, avec son spectacle Le bal des pompiers, il met en scène les acteurs qui gravitent autour de la vie de son fils : la directrice d’école « qui n’a pas fait ce métier pour s’occuper d’enfants handicapés », la psychologue scolaire ne jurant que par Freud... Tout le monde en prend pour son grade.
« Une pièce humoristique sur ce que peuvent subir un enfant autiste et sa famille, c’était à la fois un challenge et un engagement », explique-t-il.

Faire rire, certes, mais sensibiliser aussi. C’est l’ambition de son livre Gabin sans limites (Editions Payot), dans lequel il met le feu aux préjugés. « Aujourd’hui encore, ce handicap fait peur autant qu’il fascine », observe le comédien.
 

« Gabin passe sa vie en rollers »

Autiste sévère, Gabin ne parle pas, pas plus qu’il n’écrit. Pour communiquer, il utilise une tablette dotée de pictogrammes, via la méthode Pecs*. L’école ordinaire n’ayant pu s’adapter à son handicap, selon son père, il est aujourd’hui pris en charge à mi-temps dans un institut médicoéducatif (Ime) et à domicile par des éducatrices spécialisées et des psychologues.

Son truc à lui, c’est le roller. « Gabin passe littéralement sa vie à roulettes, en quête d’autonomie et parcourt à peu près 2 000 kilomètres par an. D’ailleurs, si vous voyez passer un jeune homme de 18 ans à fond la caisse sur les quais de Seine et son père qui le suit lamentablement à trottinette, c’est nous », plaisante-t-il.

Voir le verre à moitié plein, c’est presque une religion chez les Savard. En 2006, lorsque le diagnostic tombe, Laurent décide de relativiser. « Je ne l’ai pas vécu comme un drame mais comme un chemin de vie différent que je ne pouvais imaginer, et le début d’une vie un brin rock’n’roll », assure ce fan des Rolling Stones.
 

Un défi hors norme

C’était sans compter la pandémie de Covid-19 et les confinements qui ont mis les nerfs de la famille à rude épreuve. « Du jour au lendemain, Gabin s’est retrouvé enfermé avec nous 24h/24 et a perdu ses repères, ce qui est très déstabilisant, a fortiori pour un enfant autiste. Lui qui adorait les puzzles n’avait plus le cœur à jouer et régressait au niveau de ses acquisitions », se souvient son père. Trois semaines plus tard, c’est le soulagement, lorsque le gouvernement assouplit les mesures sanitaires, notamment pour les personnes autistes.

Aujourd’hui, Gabin et Laurent Savard ont les yeux tournés vers leur nouveau « gros projet » : les prochaines 24 heures rollers du Mans, qui auront lieu en 2022. « Gabin sera la première personne autiste à participer à ce défi sportif ! », s’enthousiasme son père. L’enjeu : montrer qu’avant d’être handicapé, il est un « sportif », et rouler sur les « préjugés validistes** ». En piste !

* Picture exchange communication system, en anglais, que l’on peut traduire par système de communication par échange d’images
** Préjugés de la part des personnes valides à l’égard des personnes en situation de handicap


Retrouvez toutes les vidéos pour repérer les écarts de développement chez les jeunes enfants sur le site agir-tot.fr
 

 

Pour aller plus loin

Le site de Laurent Savard

Le site Autisme info service

Le site handicap-agir-tot.com

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