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« Les parents solos doivent pouvoir travailler »

 

Les Caf proposent de plus en plus d’aides et de dispositifs pour les familles monoparentales. C’est pourquoi la Caisse nationale des allocations familiales a produit un document* qui synthétise les données récentes sur le sujet, pour mieux connaître et accompagner ce public. Laurent Toulemon, directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques (Ined), l’un des auteurs de l’étude avec Elisabeth Algava et Guillemette Buisson, bat en brèche quelques idées reçues.

 

Vies de famille : Pourquoi est-ce important d’établir un portrait détaillé des familles monoparentales ?
Laurent Toulemon : Parce qu’il y en a de plus en plus. Plus d’un enfant sur cinq vit dans une famille monoparentale ; celles-ci sont plutôt des familles en situation de fragilité économique ou de pauvreté. C’était donc important de bien les connaître : combien elles sont, qui elles sont et quelles sont les politiques qui peuvent être mises en place pour répondre à leurs besoins spécifiques.

 

Il en ressort que trois quarts des parents de famille monoparentale sont des femmes. Pour quelles raisons ?

Il y en a plusieurs. La principale, c’est que lorsqu’une rupture intervient, dans la très grande majorité des cas, la mère veut garder les enfants, contrairement au père : les parents s’accordent pour que les enfants restent avec leur mère. Une autre raison, minoritaire, est que certaines situations monoparentales commencent par une naissance hors couple (8 % des naissances en 2011).


Le niveau de vie des enfants d’une famille monoparentale est inférieur à celui dont les parents sont en couple. Pourquoi ?
D’une part parce que c’est difficile pour une mère de famille isolée d’exercer un emploi et d’élever ses enfants seule. D’autre part parce que ce sont plutôt les parents qui ont des revenus faibles qui rompent leur union. Un autre élément joue également : le fait qu’une famille monoparentale réalise peu d’« économies d’échelle » : qu’il y ait un ou deux parents avec l’enfant, il faut le même nombre de chambres, de lits, il faut une voiture… C’est plus dur de prendre en charge tout cela avec un seul revenu…


Que concluez-vous de cette étude ?
Si l’on veut éviter la pauvreté des familles monoparentales, il faut que les parents qui élèvent seuls des enfants puissent travailler. Cela soulève des sujets de conciliation entre vie familiale et professionnelle, d’accès à des modes de garde, etc. Ensuite, les familles monoparentales sont une catégorie très hétérogène et les situations sont transitoires. Il est important d’avoir des politiques réactives pour éviter que la rupture d’une union soit l’occasion d’un appauvrissement. Sur beaucoup de sujets, les parents en situation monoparentale sont en première ligne.

 

*Les familles monoparentales, conditions de vie, vécu et action publique, « Un état des savoirs », sous la direction de Marie-Clémence Le Pape et Clémence Helfter, La Documentation Française 

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Monoparentalité

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