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Les maisons de naissance : accoucher autrement

INTERVIEW. Depuis 2016 en France, huit maisons de naissance accompagnent les femmes qui souhaitent vivre un accouchement moins médicalisé. Sophie Schwartz, sage-femme dans une structure près de Strasbourg, témoigne de cette autre façon d’accoucher.

 

Vies de famille : Vous exercez au sein de la maison de naissance Manala, à Sélestat. Quelles sont les spécificités de ce lieu ?

Sophie Schwartz : Huit maisons de ce type ont été créées en 2016. Elles fonctionnent sous forme associative, toujours gérées par des sages-femmes, après signature d’une convention avec une maternité partenaire, qui doit être contigüe à ses locaux*. Très concrètement, la chambre d’accouchement ressemble à une chambre comme à la maison, paisible, avec un lit double, une décoration cocooning et quelques accessoires, dont la femme peut se servir pour soulager les contractions. Elle peut ainsi se sentir en sécurité.
 

Quelles sont les motivations des quelque 200 parents qui se tournent chaque année vers votre maison de naissance ?

Les futurs parents cherchent une approche plus personnelle, plus de liberté et d’intimité pour vivre ce moment unique. Bien sûr, il faut que la grossesse se passe sans complication. En tant que sage-femme, on s’appuie sur les compétences de chaque mère à accoucher, sur son ressenti et sa confiance en elle. Elle se sent respectée dans ses envies et dans son rythme.
 

Quelles sont les principales différences avec un accouchement à la maternité ?

La chambre est agencée pour que la mère accouche dans la position de son choix, sans péridurale. Comme il n’y a pas de monitoring permanent, elle garde sa mobilité, peut marcher, dormir, écouter de la musique… Ici, pas de blouse blanche, la sage-femme s’occupe d’une seule personne et pourra détecter rapidement les prémices d’une situation pathologique, et déclencher un éventuel transfert au sein de la maternité attenante en moins de trois minutes. Autre différence importante, le retour à la maison se fait quatre à douze heures après la naissance, puis la sage-femme passe tous les jours à la maison.
 

Que faut-il prévoir pour un tel accouchement ?

Il faut avoir bien réfléchi et que le couple soit motivé. Le suivi de grossesse avec la sage-femme qui vous accouchera, doit démarrer avant la 28e semaine. Enfin, il faut compter 500 euros de dépassement d’honoraires, pour couvrir en moyenne onze heures de présence de la sage-femme, ainsi que 150 euros pour indemniser l’astreinte d’une deuxième sage-femme. Certaines mutuelles couvrent une partie de ces frais.
 

Quels sont les bénéfices pour les parents ? Et pour vous en tant que sage-femme ?

Les parents reviennent pour les grossesses suivantes, c’est un beau témoignage de satisfaction. Ils apprécient la relation de confiance qui se crée tout au long de la grossesse. Sur le plan psychologique, ils se sentent pleinement acteurs de ce moment et respectés. Pour moi, c’est la vision idéale du métier de sage-femme. On y exerce totalement notre rôle d’accompagnement.

* Cet accès direct à une maternité attenante doit notamment permettre un transfert rapide vers une unité médicale en cas de complication
 

Pour aller plus loin

« Les maisons de naissance » sur le site de la ministère des Solidarités et de la Santé

« Comment se déroule un accouchement ? » sur le site de l’Assurance maladie
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