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La crise sanitaire impacte la santé mentale des adolescents

Depuis mars 2020, les médecins constatent un accroissement des problèmes de santé mentale chez les adolescents avec la crise sanitaire. En France, la hausse des passages aux urgences pour geste suicidaire est très préoccupante chez les 11-17 ans.

 

Chaque semaine, Santé Publique France publie en ligne un « bulletin hebdomadaire de surveillance de la santé mentale » des adolescents. En janvier 2022, l’agence indiquait que « fin 2021 et début janvier 2022, les passages pour troubles de l'humeur tendent à retrouver des niveaux comparables à ceux des années antérieures contrairement aux passages pour idées et gestes suicidaires qui restent à des niveaux nettement supérieurs ». 

 

Une situation préoccupante

Ce constat est partagé par Richard Delorme, pédopsychiatre à l’hôpital parisien Robert Debré. « En cette fin de crise sanitaire, nous constatons que les conséquences sur la santé mentale des jeunes se poursuivent. Entre janvier et février 2022, nous avons d’ailleurs connu une activité sans précédent ». Il évoque l’unité d’urgence de son service où, sur les 12 lits prévus pour être occupés maximum 24 heures, un certain nombre accueille fréquemment des adolescents pendant plusieurs jours. Selon le spécialiste, le phénomène touche plus spécifiquement les moins de 15 ans et, parmi eux, les filles sont plus nombreuses que les garçons.

 

Des signes « très indirects » mais pas anodins

Identifier les premiers signes de dépression chez les adolescents n’est pas tâche facile car ceux-ci sont « très indirects », précise le médecin. « Les changements que vous percevez chez votre adolescent ne doivent pas être banalisés, ils peuvent témoigner de son mal-être dans la crise que nous traversons. » C’est un jeune très agité ? S’il se sent mal, il va l’être davantage. Il ne voit plus ses amis depuis un moment ? Cela peut aussi être un signe. Lorsqu’un parent constate ces évolutions chez son enfant, il peut prendre contact avec les adultes qui l’entourent, à savoir ses professeurs et son médecin. « Il ne s’agit pas toujours de se précipiter aux urgences : il faut commencer par consulter le généraliste ou le pédiatre qui connaissent très bien le réseau de prise en charge de proximité. » 

 

Discuter pour rassurer

En parallèle ? Richard Delorme prône le dialogue parent/enfant. « Pour les plus petits, il est important de prendre du temps pour jouer avec eux : cinq à dix minutes par jour permettent d’améliorer la relation que vous avez avec eux et d’engager le dialogue ». Lorsqu’ils sont plus âgés, un trajet en voiture ou une course peuvent être des moments privilégiés. Et si, pour le pédopsychiatre, il est essentiel de savoir couper avec les informations en continu, partager des moments pour s’informer constitue également une bonne option pour discuter avec son adolescent et identifier les causes de certaines de ses angoisses. « Il ne faut pas hésiter à lui montrer que c’est normal d’être anxieux tout en lui donnant des arguments pour apaiser cette anxiété. L’important est de projeter son enfant dans un avenir plus rassurant. »
 

Le Fil Santé Jeunes, un outil utile

  • Créé en 1995, le Fil Santé Jeunes est un dispositif de prévention qui rassemble des professionnels offrant une écoute anonyme aux jeunes de 12 à 25 ans. Les premières années, doté seulement d’un numéro vert (0 800 235 236), le Fil Santé Jeunes dispose aujourd’hui d’un site Internet pédagogique qui permet aux adolescents de s’exprimer par écrit via un tchat. Des psychologues et des médecins sont accessibles à travers cette plateforme. Le site du Fil Santé Jeune héberge aussi un forum où les adolescents peuvent dialoguer entre eux.

 

 

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