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Handicap invisible en entreprise : en parler, c'est avancer

Dix millions de personnes souffrent d'un handicap invisible en France. Leur point commun ? Le dilemme de le révéler ou non à leur employeur. Le statut de travailleur handicapé est pourtant bénéfique au salarié et à l'entreprise.

 

« Invisible ne veut pas dire inexistant ! », martèle Marie-Charlotte Sanz sur son compte Instagram « Mariechachaaa ». Chargée de communication à temps partiel et influenceuse, la jeune femme de 25 ans vit avec une maladie imperceptible, et milite pour casser les préjugés qui entourent le handicap invisible dans les entreprises.

Par crainte d'être stigmatisés, freinés dans leur carrière, voire licenciés, de nombreux salariés font vœu de silence. « Rappelons qu'il n'y a aucune obligation de l'annoncer à son employeur, tout dépend de la manière dont on appréhende son handicap », précise Gisèle Birck, psychiatre et fondatrice de l'association Club Arihm, qui favorise l'intégration professionnelle des personnes en situation de handicap.
 

La Rqth permet un aménagement du poste de travail

Si vous ne souhaitez pas l'évoquer lors de votre premier entretien, vous pouvez choisir de le faire lors d'un rendez-vous avec le médecin du travail. « Tenu au secret médical, c'est un véritable pilier qui vous aidera à gérer la situation avant que vous ayez assez confiance pour en parler éventuellement à votre responsable », poursuit la psychiatre.

Se confier sur son handicap peut présenter des avantages. La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (Rqth) permet notamment un aménagement du poste de travail. Par ailleurs, les entreprises de vingt salariés et plus doivent embaucher au minimum 6 % de personnes en situation de handicap, sous peine de devoir verser une contribution annuelle. « Elles ont donc tout intérêt à nous embaucher ! », assure Marie-Charlotte.
 

Premier motif de discrimination

« Lorsque l'on a quelqu'un de compréhensif en face de soi, qui est au courant de son handicap invisible, on aborde aussi la discussion de manière plus sereine », témoigne pour sa part Julie, assistante administrative à temps partiel, membre bénévole de Club House Lyon*, et qui vit avec un handicap psychique.

Si la parole se libère peu à peu, certains préjugés persistent et le handicap reste, pour la quatrième année consécutive, le premier motif de discrimination signalé au Défenseur des droits, a fortiori dans le domaine de l'emploi. Les entreprises doivent donc opérer un profond changement : « Le management doit prendre en considération la vie personnelle de ses employés et se soucier de leur bien-être », soutient Julie. Plus largement, « il faut sensibiliser (la société) jusqu'à ce qu'elle comprenne que la différence peut-être un incroyable atout », exhorte Marie-Charlotte.

* L'association Club House France vient en aide aux personnes vivant avec un trouble psychique dans leur réinsertion
 

DuoDay : des binômes handi-valides pour favoriser l'inclusion

« Nul n'est inemployable ! », cela pourrait être la devise du DuoDay. Cet événement importé d'Irlande vise à favoriser l'inclusion des personnes en situation de handicap dans le monde du travail. Le principe ? Ces personnes s'immergent dans le quotidien d'un salarié « valide » le temps d'une journée. Près de 10 000 duos ont été formés en 2020. Rendez-vous le 18 novembre pour la 4e édition nationale.

En savoir plus

Le site de l’association Club Arihm, qui favorise l’intégration professionnelle des personnes en situation de handicap

« Secteur privé : qu'est-ce que l'obligation d'emploi de travailleurs handicapés ? » sur le site officiel de l’administration française

Le rapport annuel 2020 du Défenseur des droits

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