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Deuil périnatal : briser le tabou

La perte d’un bébé avant ou peu après sa naissance est une souffrance qu’il est difficile de partager. Après le choc et la sidération, commence un long processus qui nécessite d’accompagner les parents à surmonter cette épreuve douloureuse.

 

Depuis près de dix ans, au mois de mai, les parents touchés par la perte d’un tout-petit pendant la grossesse ou autour de la naissance sont invités à venir déposer une fleur à Paris. L’opération « Une fleur, une vie » veut ainsi lever le voile sur le tabou du deuil périnatal qui concerne 7 000 familles chaque année.

« L’annonce a un effet terrible, dévastateur, explique Myriam Morinay, vice-présidente de l’association Naître et vivre, reconnue d’utilité publique. Le décès d’un bébé est tellement contre-nature, illogique, que certains parents ne peuvent envisager d’accompagner leur enfant dans la mort, d’autant plus s’il n’est pas encore né. »
 

Un problème sociétal

Quelle que soit la situation, les parents sont fragiles, vulnérables, ont l’impression qu’ils ne parviendront jamais à surmonter cette épreuve. A ce moment-là, l’important est de ne pas rester seul, même si les proches ne sont pas toujours à la hauteur du soutien espéré. « Même avec la plus grande bienveillance, l’entourage peut avoir des phrases maladroites, du type "tu es jeune, tu en auras d’autres…", qui banalisent une souffrance indicible », précise Myriam Morinay.

Pour cette maman qui a vécu la perte d’un petit garçon, le problème est sociétal : « On chasse la mort, on ne veut surtout pas en entendre parler et encore moins celle d’un bébé. Résultat : certains couples s’enferment et ne s’autorisent pas à considérer ce qu’ils sont en train de vivre comme un vrai deuil. »
 

Oser demander de l’aide

D’où l’intérêt de contacter des associations de parents endeuillés, qui proposent d’écouter et d’accompagner ceux qui en ont besoin. Cette aide ponctuelle peut les soulager et leur permettre de rencontrer des personnes qui ont vécu la même épreuve. Il est surtout question d’éviter la solitude et l’isolement, qui peuvent favoriser l’apparition de la dépression.

« Petit à petit, la douleur devient plus supportable et, très progressivement, on envisage l’avenir, positive Myriam Morinay. Notre association propose des ateliers pour aborder la reprise du travail, les conséquences sur le couple ou encore l’enfant qui vient après… Il ne s’agit pas d’oublier, mais d’écrire une autre histoire familiale. »

Notre émission « Le deuil : comment traverser cette épreuve ? »
 

Les Caf épaulent les parents

Les caisses d’Allocations familiales (Caf) proposent un parcours spécifique pour permettre aux familles d’anticiper les fragilités économiques, sociales et familiales provoquées par la perte de leur enfant. « Celles-ci sont contactées automatiquement par leur Caf : rien n’est imposé. Il s’agit de laisser à chacun le temps et la manière de vivre son deuil, indique Capucine Lamau, responsable adjointe du département Insertion et cadre de vie à la Caisse nationale des Allocations familiales (Cnaf). En 2019, cet accompagnement social a été accepté par 78 % des familles contactées. »

Au cas par cas, les travailleurs sociaux des Caf informent les parents sur les démarches à engager, les accompagnent pour solliciter des dispositifs de soutien financier ou d’aide à la vie quotidienne, ou encore les orientent vers des associations ou des structures spécialisées pour une prise en charge, notamment psychologique.

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