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Cécifoot : passion aveugle !

Le Bondy cécifoot club  compte dans son équipe sénior certains des meilleurs joueurs de la discipline. Non-voyants, ils vivent sur le terrain leur passion de ce sport qui leur apporte autonomie, mobilité et confiance en soi. Sur le terrain comme dans la vie.

18h30, un jeudi de septembre, stade Roger Salengro à Bondy. L’entraînement de foot en salle des plus jeunes se termine tandis que les prochains se changent tranquillement. Dans les vestiaires, ils sont moins de 10 et pourtant, plus de la moitié ont joué une Coupe du monde. Quatre internationaux français et deux internationaux maliens : dans une si petite équipe, cela commence à faire du monde ! Leur discipline se rapproche du foot en salle par la taille de son terrain et du nombre de joueurs (5, y compris le gardien). Il y a néanmoins une différence notable : tous les joueurs sont non-voyants, à l’exception des gardiens. Et c'est lorsqu’ils entrent sur leur terrain encadré d'une barrière d'1m30 que le cécifoot se dévoile totalement.

 

« Ça met en éveil plein de sens très utiles dans la vie quotidienne »

 

Martin est ingénieur en informatique de profession. Il joue au cécifoot depuis 2004, et revient tout juste d’Angleterre où il a joué la Coupe du monde de Cécifoot, offrant à la France la 7ème place.
Pour lui, le cécifoot apporte trop pour n'être juste qu'un sport : "Ça nous apporte les mêmes bienfaits que n'importe quel sport. C'est un sport collectif, ça nous apprend à travailler en équipe, à se comprendre, dans le sport comme dans la vie. Ça impacte aussi beaucoup sur le plan du handicap, en apportant énormément en autonomie. À terme, dans le cécifoot, les joueurs doivent se déplacer sur le terrain de manière parfaitement autonome et en courant à pleine vitesse. Ça met en éveil plein de sens qui sont très utiles dans la vie quotidienne, quand on se déplace dans la rue et que l'on a besoin d'être en alerte sur tout ce qui se passe autour de nous."

les joueurs s'entrainent aux tirs
les joueurs s'entrainent à tirer face à un gardien voyant. (crédit photo : Jean-François Deroubaix)

 

Le son comme repère


Imaginez un terrain, une balle, 2 buts et 8 joueurs bandés. 8 joueurs qui courent, vite ! Qui se trouvent et se passent la balle, font des passements de jambe ou des dribbles, et tirent au but, comme au football. Excepté qu'ils courent sans voir le terrain, se trouvent et se passent la balle sans se voir, font des passements de jambes ou des dribbles sans voir la balle, et tirent au but sans voir la cage. Pour réussir cette performance, ils se servent d’un autre sens : le son. Le ballon de cécifoot cache en son sein des grelots pour que les joueurs puissent la suivre. Les joueurs utilisent aussi un code verbal qui leur est propre pour se signaler, criant « voy » pour montrer leur présence. Un sport qui dépasse les limites de la vue pour permettre aux personnes aveugles et malvoyantes de vivre leur passion pour le football.

 

Un niveau à la hauteur de leurs ambitions


Arsène, lui, revient d’une pause de 2 ans. C'est son premier jour dans le club de Bondy. Il s'entraîne donc pour le moment à part, avec Précilia, 19 ans, assistante du coach et joueuse dans l'équipe féminine de football du club. Elle aide Arsène à prendre ses repères dans un terrain qu'il ne connaît pas et qu'il ne voit pas. Et puis il faut se remettre au niveau. "On a la chance d'avoir beaucoup de joueurs de haut niveau dans le club, on est homogènes en termes de niveaux de jeu " rappelle Martin, qui ne cache pas sa volonté de représenter une nouvelle fois la France au Jeux Paralympique de 2024.

Arsène découvre le terrain avec Précilia
Arsène découvre le terrain avec Précilia, l'assistante du coach. (crédit photo : Jean-François Deroubaix)


« Et puis surtout, on aime le football !»


Mais rien qui ne fasse peur à Arsène, qui considère lui aussi le cécifoot comme plus qu'un sport : "Il y a plusieurs bénéfices du point de vue de la mobilité. Permettre au corps de pratiquer du sport, de bouger. Par ailleurs, le cécifoot, comme n’importe quel sport, donne un certain plaisir. Les championnats, les compétitions, ça apporte de la confiance en soi, une sorte d'importance à ce que l’on fait. Après, il y a aussi l'appartenance à un groupe, qui peuvent devenir des amis. Et puis surtout, on aime le football !"


Romain Fabre
 

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