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ZOOM / Accompagner les familles endeuillées

Groupes de paroles : "une expérience riche d'humanité"

Pour renforcer son offre de service sur le deuil, la Caf de l’Aude propose depuis 2021 des groupes de paroles qui s’adressent aux personnes confrontées au décès d’un enfant ou d’un conjoint. Véronique Béziat, intervenante sociale à la Caf, nous explique l’origine et l’impact de ce dispositif.

En 2019, la Caf de la Drôme avait soutenu l’action du film "Et je choisis de vivre", qui parle plus spécifiquement du deuil lié à la mort d’un enfant. L’année suivante, nous avons projeté ce film dans cinq villes du département avec l’intention de sensibiliser le grand public à la question du deuil. Après chaque projection, la prise de parole et les témoignages du public ont été facilités. Ces échanges nous ont permis de poser un diagnostic de grand isolement dans cette épreuve de vie et le manque de lieu de parole animés par des professionnels. C’est ainsi qu’est né l’idée de mettre en place des groupes de paroles, menés par des thérapeutes familiaux en binôme. 


C’est ainsi que vous avez pris contact avec l’Ussap* ?
Véronique Béziat : Un contact a été pris avec le Centre intersectoriel de thérapie familiale à Carcassonne, géré par l’Ussap afin de proposer un partenariat pour co animer ces groupes de parole. Le cadre de cette action s’est ainsi construit petit à petit. 
Formée à la thérapie familiale systémique je menais déjà depuis 2015 des entretiens familiaux en complémentarité des accompagnements sociaux réalisés par mes collègues IS. Cette formation et cette expérience professionnelle me rendait légitime pour coanimer ces groupes de parole en binôme avec les thérapeutes du CITFA. 
 

Il y en donc eu plusieurs ?
Nous avons choisi de proposer deux groupes de paroles, un pour les adultes de plus de 16 ans et un pour les enfants de  6 à 16 ans. Il s’agit de groupes de dix personnes. Afin d'offrir un réel accompagnement dans le processus de deuil il était important de proposer une offre qui implique un engagement sur l’ensemble des 6 séances proposées à raison d’une rencontre par mois. 


Quel bilan avez-vous tiré de cette première expérience ?
Très positif ! Six adultes ont suivi les séances. Pour le groupe ados, nous avons eu trois inscrits et seulement deux ont souhaité poursuivre les séances. Tous les participants ont témoigné que cela avait été très bénéfique pour eux. Deux familles ont profité en parallèle des deux groupes, puisque les deux adolescentes avaient leur mère inscrite dans le groupe adulte. D'après leur témoignage, cela leur a permis de resserrer les liens parents-enfants un peu malmenés par le deuil.
Nous avons aussi observé la naissance de liens d’attachement des participants entre eux créant ainsi des relations en dehors des séances. La dynamique de groupe a engendré un vrai soutien, un sentiment d’appartenance fort dans une ambiance contenante, bienveillante et sécure. . Le partage des émotions, de la souffrance, des doutes, des peurs, des questionnements a pu s’exprimer de façon singulière permettant à la fois de se reconnaitre entre pairs et en même temps s’ouvrir à l’altérité.


A la fin des séances, deux personnes ont éprouvé le besoin de poursuivre ce chemin d’introspection en démarrant une thérapie personnelle. Ces résultats positifs vous ont-ils encouragé à poursuivre cette année ?
Oui, avec quelques adaptations. Nous avons ajusté la temporalité jugée trop courte par les participants en ajoutant deux séances supplémentaires. Le prochain programme comporte donc 8 séances.  Nous avons un seul regret, celui de ne pas ouvrir de groupe adolescent faute de participants inscrits, . 
Voilà la nouvelle saison qui a débuté en novembre 22 est composée de 9 adultes motivés pour traverser ensemble leur histoire de deuil, leur histoire de vie.
Je me réjouis de les accompagner car c’est une expérience riche d’humanité.


* L’Union Sanitaire et Sociale pour l’Accompagnement et la Prévention CITFA centre intersectoriel de thérapie familiale de l’Aude