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Élodie Lorandi, une nageuse au caractère bien trempé

Crédits : Ralf Kuckuck

À quelques mois des Jeux Paralympiques Paris 2024, qui se dérouleront du 28 août au 8 septembre, Vies de Famille vous propose de découvrir le portrait de 10 athlètes handisport inspirants.

Elle arrive un peu en retard à notre rendez-vous, mais lorsqu’elle apparaît, elle se confond en excuses pour avoir tardé à sortir du bassin du Cercle des nageurs d’Antibes où elle a repris l’entraînement. Élodie Lorandi, 34 ans, multi-médaillée, a su rester elle-même. Passionnée par son sport, elle a accepté bien volontiers de revenir sur son parcours de championne et sur ses prochains défis sportifs.

Dans les bassins depuis l’âge de 4 ans, comment vous est venue la passion de la natation ? Que vous procure la sensation d’être dans l’eau ?


Élodie Lorandi. Paralysée de la jambe gauche à cause d’une maladie orpheline, on m’a littéralement jetée à l’eau quand j’étais enfant dans le cadre d’un programme de rééducation. Je me suis sentie tellement libre de mes mouvements dans le bassin que j’ai eu un coup de foudre pour la natation !

Vous faites vos classes chez les valides, avec des compétitions dès l’âge de 5 ans, avant de vous tourner vers le handisport à 16 ans. Pourquoi ce choix ?


É.L. Adolescente, je savais que j’avais une singularité (les enfants à l’école me le rappelaient par leurs moqueries), mais je ne m’étais encore jamais considérée comme une personne en situation de handicap. C’est lorsque mon coach m’a fait comprendre que j’atteindrais de meilleures performances chez les handisportifs que j’en ai pris vraiment conscience. Je me suis vite adaptée à ce nouvel environnement. Je n’avais plus à imaginer de stratagèmes pour masquer mon handicap aux autres.

Cela vous a même ouvert la porte des plus grands championnats internationaux. Votre palmarès comptabilise d’ailleurs 10 médailles d’or au compteur. Qu’est-ce que ces performances disent de vous ?


É.L. Je pense que mon parcours parle de lui-même et prouve que j’ai un tempérament de battante. Je ne lâche rien pour aller au bout de mes rêves. Ma devise : rien n’est impossible !

Après une longue pause en 2019 et d’importants soucis de santé, dans quel état d’esprit êtes-vous revenue dans la compétition fin 2021 ?


É.L. J’étais à la fois fière de moi et complètement sereine pour la suite de ma carrière sportive. J’estime que je n’ai plus rien à prouver et que ce que je vis désormais, c’est du bonus. Je me sens capable de réaliser encore de belles performances et de réaliser quelques rêves.

Quels sont vos prochains défis sportifs ? Comment vous y préparez-vous physiquement et mentalement ?


É.L. Je suis le « chemin de sélection » en vue des Jeux Paralympiques Paris 2024, avec notamment une étape qualificative à Châlons-sur-Saône en mai 2024 pour les Championnats de France, et une autre étape à Limoges en juin 2024 pour le Citi Para Swimming World Series. Je réalise tous mes stages chez les valides en Équipe de France au centre des nageurs d’Antibes, dans le groupe de Régis Gautier. Le fait de m’entraîner aux côtés d’internationaux étrangers me pousse à me surpasser pour les compétitions.

Comment vous voyez-vous dans 5 ou 10 ans ?


É.L. Je pense que je ne serai plus athlète de haut niveau, mais je continuerai la natation pour m’entretenir physiquement. Professionnellement parlant, j’aimerai consacrer du temps aux autres afin de les aider à trouver leur place. J’ai pour projet de suivre une formation en leethérapie (ndlr : LEE pour Libération des Émotions et des Énergies), une approche émotionnelle et énergétique globale qui permet la libération des émotions, des tensions et du stress accumulés dans le corps. Je suis moi-même adepte de cette pratique douce !

Linda Taormina